Michel Stefani

Le retour du train en plaine orientale n’est pas une idée farfelue. La ligne Casamozza - Folelli, fermée en 1953 pourrait un jour reprendre du service. La collectivité territoriale de Corse a décidé de commander une étude préliminaire sur la réouverture d'une ligne jusqu'à Poggio-Mezzana.

Après la rénovation de la ligne ferroviaire entre Bastia et Ajaccio, la rénovation du rail en Balagne, la mise en service de l’AMG 800, la collectivité territoriale de Corse poursuit son travail sur le développement du train. Les possibilités d’extension du réseau ferré ne sont pas légion. Elles se concentrent sur la plaine orientale avec pour point de chute Porto-Vecchio.

La Collectivité Territoriale a donc décidé de commander une étude de faisabilité technique et économique de l'extension du réseau sur la côte est de l’île.

Il faut dire que le tracé existe. La ligne Casamozza - Ghisonaccia est déclarée d’utilité publique en 1882. L’exploitation débute en 1888. La réalisation du rail jusqu’à Porto-Vecchio sera bien plus longue (1935). Une ligne ferroviaire sur la plaine orientale que les allemands bombarderont durant la deuxième guerre mondiale. 53 ponts sont détruits. D’importants travaux sont engagés après guerre. Le rail est remis en état jusqu’à Folelli. Le train y arrivera jusqu’en 1953.
 

Michel Stefani, le président des chemins de fer de la Corse, revient sur cette étude commandée par la collectivité territoriale de Corse. Dans un entretien accordé à RCFM, il évoque ce dossier.
 

RCFM : Le train en plaine orientale, quelle utilité ?

Michel Stefani : “Si on examine l’évolution démographique dans ce bassin, on se rend compte qu’il y a effectivement une augmentation de la population, de l’ordre de 15 à 20%, et un usage assez marqué pour ne pas dire problématique de la voiture. Nous sommes dans une perspective de développement durable. On ne peut pas imaginer que l’instrument que peut être le train pour transporter des personnes en toute sécurité, avec une régularité, une ponctualité reconnue, ne puisse pas aujourd’hui faire l’objet d’une étude, et pour ce qui concerne la collectivité territoriale de Corse l’extension de la ligne de chemin de fer en plaine orientale, au delà même de Poggio Mezzana.”
 

RCFM : Extension jusqu’à Porto-Vecchio ?

Michel Stefani : ça n’est pas une utopie. Il y a en terme d’aménagement du territoire, si nous examinons les choses avec une volonté de développement durable, avec ce que comporte aujourd’hui en matière de transport la nécessité de réduire les gaz à effets de serre, on se rend compte que les véhicules sont ceux qui en produisent le plus. Il y a donc là un objectif à atteindre, et le train le permet.”
 

RCFM : Pourquoi investir dans un moyen de transport qui n’est pas rentable ?

Michel Stefani : Si on réfléchit en terme de rentabilité financière, et que l’on souhaite rémunérer les actionnaires d’une société alors oui .. Maintenant si l’on réfléchit en terme de service à la population, on s’aperçoit, avec un bassin de population où la démographie est en constante évolution depuis 15 ans, qu’il y a à répondre aux attentes de cette population. Dans ces conditions, lorsque nous voyons ce qu’il est possible de faire avec les pré-études qui ont été réalisées avec les emprises foncières détenues par la CTC voire les collectivités locales, il y a la possibilité de reconstruire la ligne de chemin de fer. Il y a jusqu’à Poggio Mezzana la possibilité de le faire sans trop de difficulté. Plus loin, cette étude sur les emprises ferroviaires doit être poursuivie. Et il est normal, compte tenu des objectifs arrêtés par la CTC, de lancer cette phase d’études opérationnelles pour voir dans quelles conditions peut être réalisée cette reconstruction de la ligne de chemin de fer en plaine orientale, sur cette portion.”
 

RCFM : Quel regard portent les personnels sur ce projet ?

Michel Stefani : “le développement de l’activité ferroviaire ne peut être qu’une satisfaction pour les cheminots. Cela veut dire que l’entreprise est dans une phase de développement et d’activité pour eux et donc de création d’emplois. Les chemins de fer c’est près de 30 millions d’euros de chiffre d’affaire. Tout cela est réinjecté dans l’économie locale. Il y a un savoir faire, des process industriels qui méritent d’être mis en avant lorsque nous examinons ce qu’est l’activité ferroviaire dans tous ces domaines, et par conséquent, on se rend compte que les chemins de fer de la Corse jouent un rôle déterminant dans l’aménagement du territoire et dans la vie économique et sociale de notre région.”
 

RCFM : Une étude pour rien à un an des élections territoriales ?

Michel Stefani : “Non, on ne peut pas dire que ce soit un coup pour rien. Il y a des besoins, des attentes et la nécessité de répondre. Et la CTC, qui est le principal donneur d’ordres en la matière a, à juste titre, engagé la réflexion depuis plusieurs années maintenant sur la réalisation de l’extension de la ligne ferroviaire en plaine orientale. Cela n’a rien à voir avec la proximité des élections. Ce n’est pas un coup électoral. C’est un choix politique qui est connu, qui est inscrit au schéma des investissements ferroviaires et il est normal qu’aujourd’hui nous nous intéressions au prolongement des délibérations qui ont été prises par les élus de l’assemblée de Corse.”
 

Retrouvez le reportage complet du Mercredi 12 novembre 2014 sur le site de Francebleu RCFM